vendredi 30 janvier 2009

Quelle motivation!



Aujourd'hui nous avons regardé la vidéo d'une représentation théâtrale des Fourberies de Scapin. Assez fière d'avoir prévu un film le vendredi en dernière heure (pour leur faire plaisir) j'ai été, encore une fois, confrontée à la dure réalité:

"Mais c'est nul.
- Bah au moins on fait rien."

Mot intercepté entre deux élèves:
"Mais tu kiff qui toi?
- Bah personne et toi tu kif encore B.?
- Je sais pas mais toi tu me kiffe plus?
- Non.
- Mais tu kiff quelqu'un, aller dis!
- Mais toi il te kiff plus B?
- Bah il me kifera quand je serai redevenue blonde." (Elle s'est teint les cheveux en auburn, ndlr)
(Vous remarquerez que le verbe kiffer comporte de nombreuses orthographes différentes)

"Tfaçon moi jlai déjà vu pendant ma première 6ème"

Et enfin un petit questionnaire visant à travailler la mise en scène:
" Mais madame, on fait comment pour répondre à la question 'Citez un élément de la mise en scène qui vous a plu' si ya rien qu'on aime?
- Mais vous allez arrêter de vous plaindre, si vous préférez la prochaine fois je vous ferai écrire une rédaction"
Et, vous n'allez pas le croire, mais une élève m'a répondu: "Ah moi je préfère..."

C'est moi ou ils ne sont jamais contents?

jeudi 29 janvier 2009

Réplique mythique...

"Mais Madame, Molière il a écrit Les Fourberies de Scapin avant ou après sa mort?"

mercredi 28 janvier 2009

La folie du jour...


Aujourd'hui mes élèves ont été pris de folie. Nous commentions un extrait où Scapin soutire de l'argent à deux pères grincheux. Après m'avoir demandé si la somme récoltée était importante, un élève m'a subitement demandé si l'argent faisait le bonheur.

J'ai eu le malheur de rebondir sur la question en proposant aux autres élèves de répondre et là ils ont tous été pris de frénésie:
" Mais sans argent on ne peut rien acheter.
- Mais madame, S. y vendrait sa fille et sa mère contre de l'argent!
- Mais n'importe quoi, j'ai jamais dis ça. Mais c'est sûr que l'argent fait le bonheur.
- Mais ça sert à rien, si tu meurs et que tu as passé ta vie à chercher de l'argent tu auras fait ça pour rien!
- Mais tu vas faire quoi sans argent, rien! tu peux même pas vivre.
- Regardez Madame, je suis sûr que si je sors un billet de 5€ tout le monde va se jeter sur moi.
- Et puis de toutes façons S. il est radin.
- Mais l'argent fait complètement le bonheur!
- Arrête, ça va pas de dire ça. Si t'es sans famille et sans amis tu vas faire comment pour vivre?
- ..."

Je m'arrête là car je n'ai pas pu entendre tous les arguments à cause du brouhaha général. La surprise passée, je suis intervenue:
"C'est très bien d'être si exalté et de proposer tant d'arguments mais on va revenir au cours maintenant.
- Mais Madame on est à fond là. (Pour une fois ndlr)
- Si ça vous passionne tant vous pourrez faire une rédaction dessus.
Et là, à mon grand étonnement:

- Ouuuuiiii, ça serait génial (tous en choeur)
- Bon écoutez on en reparlera, là on va continuer le cours..."

D
eux groupes d'élèves sont même venus me voir à la fin:
"Mais alors Madame, est-ce que l'argent fait le bonheur?
- Qu'est-ce qu'on dit d'habitude? L'argent ne fait pas le bonheur mais...
- ... il y contribue. (Et s'adressant à son camarade) Ah tu vois je t'avais dit que ça ne faisait pas le bonheur.
- Mais si! T'as rien compris!
- Mais non!"
Leur discussion s'est poursuivie dans le couloir et elle dure peut être encore...


L'argent ne fait peut être pas le bonheur mais il contribue aux débats mouvementés des petits 5ème.

mardi 27 janvier 2009

Le récit en images...




Ma petite aventure a inspiré mon chéri. Cliquez dessus pour la voir en bonne résolution...

lundi 26 janvier 2009

Professeur ou danseuse?


Je dois vous avouer que depuis que j'ai rejoint l'éducation nationale, je fais attention à ma façon de m'habiller devant mes élèves.

Déjà certains problèmes techniques se posent:
- lorsque j'écris au tableau (sur la pointe des pieds), je dois avoir un t-shirt assez long pour que mes élèves ne voient pas le bas de mon dos. J'ai donc acheté des t-shirts longs. Premier effort.
- j'ai dû mettre au placard tout ce qui sortait trop de l'ordinaire: colliers en forme de macaron ou de chocolat, boucles d'oreilles en papillons.
- et puis il faut être politiquement correcte: fini les jupes courtes ou les hauts à paillettes.

Je vais donc au collège vendredi avec un t-shirt, acheté pour l'occasion, somme toute assez sobre mais avec un large volant en bas (discret). Après m'avoir dévisagée de haut en bas, une élève dit à son amie: "elle va pas à la danse quand même".

ça fait toujours plaisir...

dimanche 25 janvier 2009

C'est moi!


Je me dévoile enfin à mes lecteurs, voici le nouvel emblème de mon blog...

L'artiste (très douée) s'appelle Marguerite et elle a un blog que je recommande à tout le monde: http://www.lesrouladesdemarguerite.com/

Elle a fait ce dessin pour m'encourager quand j'étais submergée par le travail.

Vu la semaine qui m'attend, c'est le moment de sortir cette image: mémoires professionnels, cours au collège ET au lycée, séance au CDI, IUFM, trouver des histoires pour mon blog, dormir, gérer mes élèves, etc.

On y croit, je vais m'en sortir. Et oui, à l'éducation nationale on apprend aussi à être une wonderwoman.

mercredi 21 janvier 2009

Les Fourberies de Scapin...


"Madame, madame, je peux répondre à la question?
- Mais bien sûr S.
- Octave a peur de la colère d'Argante et de son père.
- Mais enfin, Argante est le père d'Octave, tu le sais quand même?!? (Tu devrais avoir lu le livre depuis une semaine ndlr)
- Bah non, je croyais qu'il avait peur de deux personnes."





Plus tard...
"Alors Octave a peur car il est marié à Hyacinte et son père ne le sait pas...
- Quoi!?! Mais il est déjà marié Octave?
- Mais enfin Z. c'est expliqué dès l'acte I. Alors toi non plus tu n'as pas lu la pièce?
- Bah non j'aime pas lire."


Encore plus tard...
" Mais Madame, j'ai pas compris, je croyais que Silvestre était le frère d'Octave.
- Ah non , c'est son valet.
- Mais Octave, c'est le fils de qui?
- (Soupir intérieur) C'est toujours le fils d'Argante, ça n'a pas changé depuis tout à l'heure..."


Bon, plus que 15 minutes avant le fin du cours...

lundi 19 janvier 2009

"Mais Monsieur le formateur nous ne vivons pas dans le monde des bisounours..."



Aujourd'hui a eu lieu ma seconde et dernière "visite conseil" d'un formateur IUFM. C'est juste une visite qui, outre donner un bon coup de pression, permet, comme son nom l'indique, de "conseiller" le stagiaire en péril qui cherche toujours à s'améliorer.

Je devais proposer un cours de grammaire qui, à mon sens, s'est déroulé normalement (un peu barbant certes mais plutôt vivant pour une leçon).

Cependant, d'après le formateur IUFM, je ne peux pas me contenter d'expliquer la leçon aux élèves, de leur faire trouver des exemples pour voir s'ils ont bien compris puis de passer aux exercices d'application.

Non, c'est beaucoup trop simple.

D'après lui, "les élèves doivent écrire eux-mêmes leur leçon, ils doivent découvrir la définition" ("comme par magie" j'aimerais ajouter). C'est vrai qu'en théorie c'est une excellente idée mais en pratique nous ne vivons pas dans le monde des bisounours. A moins de passer 3h sur une leçon de grammaire, je ne peux pas faire deviner aux élèves les définitions qu'ils ne connaissent pas.

L'éducation n'est pas un long fleuve tranquille, ah ça non.

vendredi 16 janvier 2009

Le vendredi...

... je hais mes élèves. J'ai essayé de me persuader du contraire mais tous les vendredis après-midi c'est la même chose: je les déteste. Ça commence par un brouhaha permanent dont le volume augmente de minute en minute. Je menace, rien n'y fait et un vendredi sur trois je sanctionne. Là j'ai dicté la dernière partie du cours et j'ai ramassé les copies de ceux qui parlaient.
Résultat: pour eux ça ne sera qu'une note parmi tant d'autres et pour moi c'est des copies en plus... Qui est puni d'après vous? grrrrr

Et puis peu importe ma fameuse règle de rester d'humeur égale devant eux, le vendredi j'ai envie d'en prendre un pour taper sur l'autre et ils le sentent ces petits diablotins...

Vivement les vacances.

mercredi 14 janvier 2009

Aujourd'hui séance anti-drogue...

J'ai dû offrir une heure de cours à la police pour un petit exposé préventif sur la drogue. Sauf que durant la première heure de la matinée j'ai donné un contrôle à mes chers petits.
Résultat: ils dormaient pendant la conférence et l'intervenante a jugé bon de me prendre à partie pour les stimuler. Très bien me direz vous mais c'était sans compter sur la finesse des remarques proposées: "Bah vous [les élèves], vous devez être dépendants aux devoirs de français, hein?" (le "hein" s'adressait à moi), "Vous êtes fatigués après une heure de contrôle mais ça va être de pire en pire, après vous aurez quatre heures de dissertation et vous devrez même venir le samedi matin, hein?" (Même remarque, et en passant, merci pour la motivation des troupes).

Les élèves ont ensuite dû aller écrire au tableau le nom des drogues qu'ils connaissaient: "éroïne", "canabis", "alcole" et "Marie Jana" (mon préféré) ont dû faire l'objet d'une petite rectification. Comme quoi il n'y a jamais de mauvais moment pour un cours d'orthographe.

Il ne me reste une question: peut-on reprendre un policier s'il fait des fautes de français? Pour ma part je me suis abstenue, ai-je eu tort?

dimanche 11 janvier 2009

Règle n°2

Ne pas attendre d'un élève qu'il apprécie les mêmes livres que nous et ne pas se sentir visée lorsqu'il n'apprécie pas un cours. Tout ne peut pas plaire à tout le monde tout le temps, l'important est de leur apprendre un maximum de choses...

On ne peut pas demander à un élève de 5ème de se passionner pour un cours de grammaire même si on a passé trois longues heures à le préparer chez nous...

C'est un peu comme au sport "l'important c'est de participer", ici il faut faire de son mieux en espérant captiver un maximum d'élèves.

Même si, malheureusement, ça ne marche pas toujours...

On n'a toujours pas le même humour

Finalement le cours de mercredi sur Rabelais s'est très bien déroulé puisque à mon grand étonnement même les mots "cul" et "couillon" n'ont pas fait rire les élèves.

Le seul point négatif est que j'ai encore une fois dû argumenter sur le comique du texte: "Mais madame c'est pas drôle".

J'ai fini par leur dire qu'on verrait une vraie comédie dans la prochaine séquence sur Les fourberies de Scapin de Molière, où là ils trouveraient ça vraiment amusant. Une élève m'a répondu: "Moi je le trouve bête ce livre".

Bon je vais arrêter les frais et on va continuer le cours.

Notez la date du prochain contrôle svp...

...mais je vous préviens l'exercice d'écriture sera plus court que d'habitude car il y aura beaucoup de questions de cours. Je vous conseille d'apprendre vos leçons.
- Mais Madame ça sert à rien les exercices d'écriture.
- Si, c'est bien de faire des rédactions, ça vous permet de vous entrainer à écrire.
- Non, ça permet de gagner des points même quand on apprend pas ses leçons."

Pfffff

mardi 6 janvier 2009

Cadeau de noël...


Pour noël j'ai reçu deux boites de Ferrero rocher, c'est une bonne moyenne pour un début. J'ai d'autant plus apprécié la seconde car ma petite E., chinoise arrivée il y a un an en France, m'a dit: "ça me fait très plaisir de vous donner ça parce qu'avec un autre professeur je n'y serais jamais arrivée."

Ohhhh mais noooon! Enfin si après tout, ça ne fait pas de mal quelques compliments...

lundi 5 janvier 2009

Ai-je fait une erreur?

... en choisissant mon texte de Rabelais. J'ai pris un texte on ne peut plus classique où frère Jean combat les soldats de Picrochole pour défendre ses vignes. A priori parfait pour étudier la parodie des romans de chevalerie, enfin en théorie. Parce qu'en pratique j'aurais dû prêter plus d'attention à cette phrase qui décrit les blessures infligées aux soldats:
"à travers les couillons, il perçait le boyau du cul"

"Madame c'est quoi [cule]?
- Euh où ça? Ah oui je n'avais pas vu, et bien c'est le mot cul (merci Rabelais).
- Ah ça s'écrit avec un "l".
- Et ça veut dire quoi "couillon", hi hi hi?
- On étudiera le texte mercredi S.
- Je sens qu'on va bien l'aimer ce texte..."

Mais POURQUOI je n'ai pas bien lu cette phrase! Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?
Snif... et encore, je leur ai juste distribué le texte, je crains le pire pour mercredi.